À mon papa,

Claude COLLIGNON

Si vous entendez une voix en vous qui dit: "tu ne peux pas peindre", alors peignez par tous les moyens et cette voix se taira.
Vincent Van Gogh

Lettre d'André B.

Chère Maddy, cher Loïc, chère famille, chers amis,

Cher Claude,

Devant la mort, devant la souffrance, les mots paraissent vides. Seul, le silence a du poids, ce silence lourd de tant de peines, mais ce silence aussi pour entendre cette somme de toutes les énergies de nous tous, de respect profond, d’affection, de force intérieure, d’amitié solide.

Pour toi, Claude, et certains d’entre nous, la vie s’éteint à la mort.

Subsistent les souvenirs, les œuvres de l’homme, du mari, du père, de l’artiste.

Survivent en nos cœurs, l’écho de ta forte voix bien affirmée, tes coups de gueule sonores tellement sympathiques, ta sensibilité exarcerbée d’artiste et d’artisan de talent, ton franc-parler éloquent, ta tendresse, ton goût de beauté, de vérité dans tes relations et dans ton art, ton immense besoin d’amitié et de fraternité.

Cette vie tellement belle, tellement précieuse, tellement riche qui germait sans cesse au plus profond de toi-même, ne s’arrête pas aujourd’hui évidemment.

Ta vie Claude, dégagée de sa matérialité a valeur d’éternité et est inscrite à jamais dans la conscience de notre monde.

Tes peintures, Claude, et toi à travers elles, parlent, nous interpellent par leur force de suggestion et l’intensité du regard que tu portes sur les gens, les paysages, la mer, l’horizon infini, la vie dans toute sa plénitude.

Claude, à ta mesure, tu continues à partager avec nous, l’immensité de ton âme gonflée d’amour, traversée par le souffle d’une liberté de pensée défendue avec ardeur et qui faisait de toi un être entier, franc, un acier qui sonne pur et juste.

Ton corps va disparaître.

Ton esprit reste.

Ton empreinte est inscrite dans l’histoire.

Chère Maddy, cher Loïc, chère famille, chers amis, souvenons-nous que la séparation ne se produit dans nos têtes que par l’effacement du souvenir. La fidélité constante à la mémoire de Claude abolira l’éloignement. Nous le garderons vivant en nous selon notre capacité d’assiduité envers lui.

De cette solidarité avec Claude disparu, l’union la plus extraordinaire peut naître et exister ainsi dans le temps et hors du temps.

Pour tout ce que tu as été, Claude, nous te disons, merci.

Face aux énigmes de l’univers, aux questions philosophiques ou religieuses toujours hypothétiques, quelles que soient nos opinions, il nous appartiendra toujours d’adopter face à la vie, face à la mort, en ce moment même de tristesse envahissante d’une cruauté implacable, il nous appartiendra toujours de faire triompher l’Amour, l’Amitié, la Beauté, la Fraternité humaine

 

Le 9 septembre 2010

André Bartiaux